À l’occasion du World ChildFree Day (journée mondiale sans enfant), ma collègue thérapeute en relation d’aide Catherine-Emmanuelle Delisle, alias Femme sans enfant, m’a invité à partager mon histoire de non parentalité.
.
Ce qui m’a amené à faire ce choix

Au départ, j’en voulais des enfants.
Au primaire, je romantise déjà la famille : je nomme mes futurs enfants, je vais avoir des jumeaux, je connais même dans quel ordre j’aurai mes garçons et mes filles.
Déjà à l’époque, j’ai cet élan parental de vouloir prendre soin des autres et soutenir leur développement.
J’ai toujours été intéressé par la croissance personnelle en fait.
Bien sûr, il y a un lien évident avec mon métier en relation d’aide aujourd’hui !
.
Identité non conforme

Même si j’essaye, je n’arrive pas tout à fait à me conformer au script masculin : insensible, sportif et peu bavard.
Très jeune, c’est évident que je suis différent des autres garçons.
Plus tard je comprendrai que c’est plus complexe pour moi cette identité de genre, sans pour autant me considérer non binaire.
- Lire aussi : Qui je suis
.
Attraction double

J’ai beaucoup été avec des femmes dans ma jeunesse.
Tout en sachant que j’avais une préférence marquée pour le modèle masculin.
Je m’identifie comme bisexuel 70/30 : 70% d’attirance pour les hommes donc.
Et j’ai vécu des relations très satisfaisantes avec des partenaires féminines.
.
Plan A

Fin vingtaine, ça fait 2,5 ans que je suis en couple avec une femme.
C’est clair pour moi qu’on s’enligne pour acheter de l’immobilier, avoir des enfants, faire la vie…
Puis rupture.
Être en relation romantique avec une femme, c’est beaucoup plus simple d’avoir des enfants.
Même que ça peut se faire dès qu’on est un peu négligent, c’est quelque chose de naturel.
Et ce n’est pas arrivé.
.
Changer de cap

Suite à cette rupture, je traverse un désert relationnel et social.
Après un certain temps, je prends mon courage à deux mains.
Courage parce que ce n’est pas rien pour moi dépasser mes peurs en lien avec cette identité sociale.
Et j’ai envie d’essayer ça faire ma vie avec un homme.
Assez rapidement, je me retrouve en couple avec le partenaire qui m’accompagne encore aujourd’hui après 19 ans de vie commune.
- Lire aussi : Faire le saut
.
Arriver dans la réalité

Mon nouveau compagnon lui n’est pas très enclin à avoir des enfants.
Ça créé de la friction pendant un certain temps.
Parce que moi j’ai cette attente qu’on puisse en avoir, en adoptant par exemple.
.
Horloge biologique

On parle beaucoup de ce phénomène chez les femmes : le ticking clock.
J’en fais l’expérience aussi dans la trentaine.
Et cette urgence-là s’allège quand ma sœur et mon frère ont chacune et chacun des enfants.
J’avoue que ça m’enlève une pression inconsciente de fonder une famille.
Comme j’ai des neveux et une nièce, ce n’est plus à moi de « poursuivre la lignée ».
C’est aussi basic que ça.
.
Deuil

J’oserais parler d’ADN spirituel pour expliquer cet élan de poursuivre ma lignée.
Je suis le résultat de centaines de milliers de générations derrière moi.
Il y a quelque chose de continuer, contribuer et transmettre.
Puis il y a ce moment où j’ai bien dû accepter que j’ai un autre destin.
Et autant que je l’ai cet élan parental, prendre soin, soutenir l’autre … je suis aussi très sensible.
Sensible à l’envahissement et sensible tout court.
Je pense que ça aurait été difficile pour moi d’être parent.
.
Tabou : privilège de la non parentalité

Petit à petit, je commence à considérer les avantages et les bénéfices de ne pas avoir d’enfant.
Et je veux honorer ce privilège d’être dégagé de cette charge.
Utiliser cet espace-temps pour accomplir quelque chose de significatif pour moi.
J’investis cette liberté dans mon métier de thérapeute, de conférencier, dans ma vie relationnelle et professionnelle.
C’est un processus d’accepter ce deuil tout de même.
C’est un autre destin, une autre vie.
.
Assumer

Ce deuil, c’est conscient : j’avais sincèrement cette aspiration, ce désir d’avoir des enfants.
Je me permets de ressentir la perte que représente la non parentalité pour moi.
Ça me permet d’être plus assumé dans mon choix.
Je n’ai pas d’enfant et je n’en n’aurai pas.
Je ne reste pas en suspens.
Il n’y a pas une partie de moi qui se dit « … peut-être un jour … »
.
Avancer

Rester dans l’ambivalence fait perdre une énergie précieuse.
Mes élans de transmettre et d’assister les personnes dans leur évolution et leur cheminement, d’agir comme figure symbolique de parent … je vois bien que je fais ça avec ma pratique de thérapeute.
C’est mon rôle d’être présent, d’écouter, de soutenir le développement et la croissance.
Bien sûr mes clientes et clients ne sont pas mes enfants.
Je sais bien que ce n’est pas du tout la même chose.
- Lire aussi : TRA, Thérapeute en relation d’aide®
.
Transmettre
C’est une joie d’investir mon énergie vitale dans des projets qui me tiennent à cœur.
D’ailleurs, je suis très excité par un projet en préparation : ma toute première conférence qui se tiendra le 13 novembre 2024 au Centre de relation d’aide de Montréal.
Une présentation que je suis en train de monter à partir de mon vécu personnel et professionnel.
C’est un contenu que j’ai envie de transmettre en lien avec mes propres fonctionnements défensifs, quelque chose que j’arrive à transformer dans ma vie qui m’apporte plus de liberté et de satisfaction relationnelle.
J’ai hâte de t’en dire davantage !
.
Capital énergétique

Pour conclure sur le thème de la non parentalité : ce que j’observe chez moi-même, c’est que d’assumer ce choix d’être non parent, ça libère une quantité d’énergie extraordinaire.
Je m’accorde le droit d’en profiter pour créer une vie alignée sur ce que j’ai envie d’incarner.
Je peux me servir de ce capital énergétique, qui pourrait être investi dans une famille, et le mobiliser dans ma mission de vie.
- Pour la suite : abonne-toi à mon infolettre !