Un événement comme Papier mobilise de grands efforts, de la part de l’AGAC bien entendu, l’association qui organise la foire ; des galeristes, artistes, partenaires, contracteurs et d’autres encore. L’entreprise exige beaucoup de préparation et le niveau d’engagement est très concret. Et pour cause, les résultats escomptés sont élevés. C’est un peu comme le Noël de l’art contemporain. On attend ça toute l’année (ce n’est presque pas une exagération), une occasion importante de faire de belles rencontres … et des transactions.
En 2015, les ventes d’œuvres d’art réalisées pendant la foire et dans les quelques semaines qui ont suivi se sont chiffrées à 900 000 dollars ; en 2016, elles ont frôlé pour la première fois le million de dollars. Ces revenus soutiennent directement les artistes, alors qu’une portion – généralement 50 % pour les œuvres du marché primaire – leur est directement versée par les galeristes. Source : AGAC
S’il s’agit d’un exercice crucial pour les marchands d’art, l’expérience que nous en faisons relève de la subjectivité – des conditions du moments, notre humeur, niveau de fatigue personnelle ou professionnelle, et aussi du rôle que nous sommes appelé à jouer dans ce scénario à grand déploiement, que ce soit à titre de participant, de collectionneur ou de simple curieux.
Papier 17 ne m’a pas déçu. Cette 10e édition était d’abord l’occasion de jeter un regard dans le rétroviseur, sur les 9 itérations précédentes. Il s’agissait d’une boucle pour moi, alors que j’étais jadis coordonnateur des événements à l’AGAC, à l’occasion de la toute première foire Papier en 2007. De constater l’envergure qu’a pris ce rendez-vous quasi-religieux me touchait tout particulièrement.
J’ai trouvé que l’Arsenal était un choix judicieux pour tenir Papier, les plafonds incroyablement hauts, la vaste salle principale dans laquelle on entrait tout de go, donnait à l’installation juste assez d’espace pour se déployer adéquatement. À l’intérieur, l’organisation des kiosques me semblait idéale. On y circulait avec aise, même lorsque la foule avait inondé l’endroit, le samedi après-midi par exemple.
De la soirée VIP au démantèlement du dimanche en fin de journée, je jubilais. Ce fut pour moi l’occasion de voir tellement de gens avec qui j’entretiens des relations – pour ainsi dire – à distance. Des galeristes, des artistes et d’autres membres du milieu que je ne vois que très rarement, certains que je rencontrais pour la première fois durant ce weekend. À chaque contact, la vibration très élevée des personnes me nourrissait, littéralement. J’ai toujours pensé que le monde des arts visuels, de l’art contemporain tout particulièrement, constituait une sorte d’église. Une foire comme Papier devient alors un rassemblement de « croyants », à la fois communion et eucharistie. Pour un instant, le cynisme se trouve comme suspendu et laisse un peu plus de place aux joies de la découverte, de la contemplation et de la discussion.

Si j’ai trouvé Papier si épanouissante cette année, il faut dire que j’y jouais plusieurs personnages, en parallèle. Au premier chef, je représentais comme à chaque année le magazine Ciel variable, publication pour laquelle j’ai encore tant d’estime, dans ma dixième année à titre de responsable de la publicité et de la promotion. Cette fonction m’a permis d’explorer la dimension de la vente, qui fait maintenant partie intégrante de ma vie professionnelle. Ensuite, bien sûr, plusieurs me voient d’abord comme monsieur ratsdeville, c’est à travers le blog que j’ai tissé des liens avec tant de gens du milieu, pour mon plus grand plaisir. J’ai aussi parlé à certains de mon implication récente à titre de membre du CA de la Maison de la photographie de Montréal, un projet des plus stimulants.

Parlant photo, j’avais proposé à l’AGAC de donner un tour guidé : Focus Photographie. Ce qui donna lieu à deux visites plutôt sympathiques que j’ai eu le plaisir de donner samedi et dimanche matin. Les trois artistes choisies avaient en commun de faire des liens entre la photographie et la peinture, entre autres, et les visiteurs semblaient véritablement intéressés par leurs travaux. Ce fut une belle occasion d’exercer mes muscles de vulgarisateur et de médiateur culturel !
Je vous laisse ici avec quelques images de la foire, et vous dis à l’an prochain !
Pour les curieux, vous trouverez le nom des artistes et toutes les images que j’ai prises regroupées dans deux albums photo Facebook, ici :