Éric Bolduc XYZ

Communications & Développement

401 Richmond

Arrivée

Aucun plan ajourd’hui, sinon me promener en ville et rejoindre Geneviève à l’heure du lunch. Mon amie est traductrice à son compte. Elle occupe ces jours-ci un demi-bureau au Good Gorilla, un espace de cotravail situé au 401 Richmond.

Le 401 Richmond est un édifice industriel restauré, classé patrimoine, qui abrite plus de 140 artistes, producteurs culturels, innovateurs sociaux, microentreprises, galeries, festivals et boutiques. [traduction libre]

J’avoue que ça me fait un peu bizarre: durant la dizaine d’années où j’allais à Toronto pour Ciel variable, je ne suis jamais passé par cet édifice qui regroupe plusieurs centres d’artistes autogérés réputés. Dans mes anciennes fonctions de publicitaire au magazine, j’ai maintes fois contacté les travailleurs de ces lieux de diffusion, en vue de leur vendre des espaces média, de conclure des échanges, des ententes de visibilité, etc.

First things first — Définir les priorités

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mets chinois végé au Greens Vegetarian

D’abord, manger — ce n’est pas le choix de restaurants qui manque à Toronto et Geneviève est autant sinon plus foodie que moi! Lorsqu’elle me demande ce que j’ai envie de manger, je lance « quelque chose avec des légumes » — OK. Ces jours-ci, je me dis que ma consommation de fruits et légumes laisse à désirer et que je ferais bien de remédier à ça.

En marchant sur Dundas West, nous jetons notre dévolu sur Greens Vegetarian — pas ma première fois dans ce resto chinois 100% végétarien, 100% délicieux — mi-am.

Talking Deep Fast — Rapidement discuter en profondeur

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Richard Branson. Photo: gintafiliasolis

Fidels à notre habitude, nous discutons à bâtons rompus, d’une myriade de sujets, et puis de présence, de sa rencontre avec Richard Branson, le géant britannique derrière Virgin Mobile, aussi connu pour ses investissements dans le voyage spatial.

Elle me parle de la qualité de présence extraordinaire qui se dégageait de lui.

Je lui demande s’il faisait l’effet d’un gourou. Non. Elle m’explique: c’est comme s’il ne se protégeait pas, qu’il n’avait aucune méfiance, tout en n’étant pas démuni pour autant, confiant sans être arrogant, sans prétendre sauver qui que ce soit, le monde, ou rien de tel.

En creusant, on arrive à la conclusion qu’il était tout simplement disponible. La pépite qui en est ressortie pour moi est que « se protéger coupe d’une part de présence qu’on peut offrir à soi-même et aux autres. »

Fortune Cookie Wisdom — Sagesse de biscuit chinois

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À la fin du repas, on reçoit le sempiternel biscuit avec l’inscription (dans les deux langues officielles merci) sur un bout de papier, sensé nous informer d’un message potentiellement bouleversant (!)

Le mien m’avertit solennellement de me préparer à entendre « la » vérité (rien de moins).

From the ground up — Débuter à la base

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De retour au 401 Richmond, j’ai l’élan d’une visite systématique, et entame mon exploration à partir du sous-sol en montant.

Je prends un malin plaisir à me « perdre ».

Déambuler dans un endroit que je ne connais pas, fouinant, allant jusqu’au bout de chaque recoin, aboutissant dans les tournants incongrus et autres culs de sacs, est pour moi une activité magique. Dans ce jeu, avec tout le temps devant moi, je multiplie détours et rebroussements de chemin. Cette façon un brin chaotique de découvrir un lieu me plait tout particulièrement — bien que systémique sur papier, l’expérience nourrit des besoins qui relèvent de l’âme, quelque chose d’irrationnel et délicieusement désordonné, inattendu et libre.

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Une chose devient vite évidente, il s’agit bien d’un édifice historique. Plusieurs efforts de conservation mettent en valeur certains éléments structurels du patrimoine bâti.

Les portes

Et puis il y a les portes. Plusieurs locaux arborent de vieilles portes, qui semblent, de toute apparence, d’époque, le plus souvent décapées pour révéler le bois d’origine.

Certaines portes sont installées en tant qu’objet sur le mur et ne font même pas office d’entrée en tant que tel.

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Lieux d’art

Éventuellement, j’entre dans les espaces dédiés aux arts visuels/contemporains dont la plupart m’étaient familiers, de nom en tous cas.

1 — Open Studio

En entrant à Open Studio — centre dédié à la production, préservation et promotion de l’estampe — je suis époustouflé par une œuvre magistrale d’Andrea deBruijn, Shade, immense collage mural composé d’estampes faites à partir d’un même bloc de gravure (woodblock). Me trouvant planté là, dubitatif devant l’œuvre, Rebecca Travis m’explique que les découpages sont une pratique récente de l’artiste qui expose jusqu’au 20 juillet prochain. Le truchement évoque avec force le feuillage dont il est question.

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Shade, by Andrea deBruijn, is a group of prints generated from a single woodblock. Shade forms a covering of dark foliage, using pattern and three-dimensionality to draw the viewer closer. These panels are the newest element of a continuous installation project – one that contemplates our changing relationships to home, landscape, and the environment. openstudio.ca/exhibition/shade-andrea-debruijn
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Victoria Day, Open Up, silkscreen, 2018

2 — Red Head Gallery

La Red Head Gallery est un collectif d’artistes professionnels engagés dans l’exposition d’œuvres d’artistes de la relève et établis, et d’encourager le travail impliqué dans une pensée contemporaine diverse et variable. [traduction libre]

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Cate McGuire, chain, magazine paper collage with acrylic on panels, 2019
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Cate McGuire, loose ends (detail), magazine paper collage with acrylic on cradled board, 2019

3 — Art public

Plusieurs travaux sont accrochées dans les corridors, faisant office d’art public.

Mon œuvre coup de cœur/coup de poing — sans contredit cette sublime estampe de Jeannie Thib. J’ai toujours eu un faible pour les chartes anatomiques en aplat. Il y a quelque chose dans cette esthétique de dictionnaire visuel d’une autre époque qui retient mon attention à plusieurs niveaux.

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Jeannie Thib, Terra Incognita, 1993, linocut on mulberry paper
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Simon Glass, Warsaw Ghetto, 1941, 1997, mixed media
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Florence Yee, with help by Hea Kim, New Fortitude, 2018, porcelain and wood
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Kerry Zentner, Self-Portrait, 2014, oil on panel
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katt, Roots Boots, 2000-2001. Photo: Adrian Fish

4 — G44

À Gallery 44, je me suis buté à une porte close 😦 alors qu’ils étaient en montage donc fermés au public. Heureusement, le centre dédié à la photographie contemporaine présente également des œuvres en vitrine.

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Maisha Marshall-End, Frash a Dash, 2019

5 — Prefix

L’institut pour l’art contemporain Prefix est une galerie d’art publique et maison d’édition fondée en 1999 par Scott McLeod. En collaboration avec le Comité consultatif national, l’institut favorise l’appréciation et la compréhension de la photographie contemporaine, médias et arts numériques, par des expositions, publications, programmes publics et activités reliées. [traduction libre]

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Prefix est également le compétiteur canadien numéro 1 de Ciel variable en tant que publication diffusant les pratiques de l’image contemporaine qui passent par la lentille (lens-based art). Une des grandes différences bien entendu est l’espace d’exposition dont ils disposent.

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Taysir Batniji, Suspended Time
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Taysir Batniji, Suspended Time
Taysir Batniji, Suspended Time
Taysir Batniji, Suspended Time

6 — YYZ

YYZ comporte deux « divisions »: l’espace — Yyz Artists’ Outlet — et la maison d’éditions — YYZBOOKS.

YYZ soutient les pratiques expérimentales contemporaine en produisant des expositions, publications, programmes éducatifs et la commande d’œuvres originales. En priorisant la collaboration des artistes, YYZ offre une plateforme unique pour bâtir des communautés et pour l’avancement de la culture.

YYZBOOKS est une maison d’édition canadienne alternative dédiée à l’écriture critique sur l’art et la culture. Leur mandat est d’encourager les idées et la pensée critique et d’encourager l’appréciation de la culture et de l’art contemporain canadien en publiant des travaux à la fois stimulants et accessibles, qui rejoignent un grand public. [traduction libre]

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Haley Uyeda, as part of Under the Veil of Morning Mist
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Z’OTZ* Collective, Small Contribution to a Big Moment

L’art c’est génial

L’art répond à la fois à des besoins de beauté et de stimulation intellectuelle — une occasion de me familiariser avec les formes d’une pensée autre, parfois/souvent complexe, raffinée, décalée.

Les propositions des artistes, en collaboration avec les lieux de production et diffusion, des médiateurs, des commissaires d’exposition et des critiques d’art, peuvent éveiller en moi des sentiments de découverte et d’émerveillement. Devant certaines œuvres qui me frappent de plein fouet, je peux même ressentir de la stupeur — ça ouvre quelque chose en moi d’inconnu et de délicieusement étrange.

Depuis mes premières rencontres avec l’art contemporain — lorsque je suis entré au Belgo avec une classe de beaux-arts, circa 1993 — je suis demeuré un jouissif des formes de ce mouvement qui se renouvellent perpétuellement. Des formes souvent provocantes, dans le meilleur des cas déroutantes.

Beaux livres et autres objets de désirs

J’apprécie aussi la légèreté toute particulière du flânage en librairie. Surtout le genre qui privilégie des ouvrages rivalisant d’ingéniosité et d’esthétique, oscillant sur la mince ligne entre art, design et marketing.

Après mes déambulations dans l’édifice, j’entre dans Swipe comme un enfant dans un magasin de bonbons.

Swipe est une librairie indépendante où se rencontrent design graphique, urbanisme et architecture. [traduction libre]

C’est ici que je découvre (et apprends depuis à assumer) que j’ai un faible pour les licornes.

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Les licornes sont de merveilleuses créatures scintillantes qui symbolisent la positivité magique. [traduction libre]

🦄 Célébration du weirdness

Cet archétype ludique et chimérique me parle de réinvention personnelle, d’honorer mon besoin de magie, de ma capacité à trouver la magie dans la réalité … ou ailleurs.

Symbole d’amour bienveillant envers moi-même, d’acceptation et de célébration de qui je suis, de ce qui fait de moi une personne unique et différente — aka weird.

Point boni: cette créature imaginaire me rappelle ironiquement de ne pas trop me prendre au sérieux.

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