30 décembre 2016 au 9 janvier 2017
Mon œil droit me fait des misères. Il y a déjà plusieurs mois que je ne me coupe plus les cheveux. On dirait un petit animal, ou une plante. J’ai souvent envie de remédier à l’expérimentation, et à chaque fois, l’envie de la poursuivre l’emporte.
Déjeuner à la villa, en compagnie des geckos. Ajouter du rhum XO qui coûte rien dans le jus de goyave. Sortir chercher du prosecco, du vin blanc, farine, ketchup, chips. Garder les reçus, les bons comptes … Manger – cuisiner avant – boire. Sortir au dernier moment. Voir les feux d’artifice sur le Boardwalk, en costume de bain et camisole, avec du prosecco.
Avec la pluie du matin, on se rend compte que le toit coule – exactement où Dominique se trouve. Patrik nous raconte qu’à chaque fois qu’il tombe en vacances, il a très mal au pied. Une physiothérapeute (ou chiropraticienne ?) lui aurait expliqué que ça pourrait toujours être comme ça, qu’il accumule de la tension toute l’année et qu’au moment où il ralentit, la douleur s’échappe par là. Depuis, j’ai atrocement mal au talon gauche intérieur. J’ai aussi une inflammation de la zone périanale, juste derrière les testicules. Pourtant, je n’ai pas pris de grandes marches. Les veines de mon œil droit se sont calmées. Je me trouve cerné. Le coin intérieur de chaque orbite marqué de rouge.
Les proprios se promènent sur le toit, pour vérifier ce qui se passe. Daisy prépare des crêpes et du bacon.
Dominique a vu sa première coquerelle dans la villa. Elle venait de l’extérieur et mourante. Le petit tableau au-dessus de mon lit est croche. Je ne le redresse pas. L’air humide et salé barbadien fait rouiller les automobiles – et les laveuses. Nous irons à une autre plage aujourd’hui. Hier nous avons emprunté le Boardwalk jusqu’à Accra Beach. Nous nous sommes baignés dans de bonnes vagues et avons joué au frisbee. On nous a offert de la drogue. Nous avons décliné.
L’autre plage était très bien, assez tranquille, familiale. À la Barbade, la nuit tombe vers 18 heures. Aujourd’hui, le coucher du soleil est magnifique, derrière un amas complexe et dense de nuages. Les rayons forment comme un grand sablier, deux diamants jaunes. Comme hier, le croissant de lune très fin semble nous sourire. Je n’ai jamais vu de croissant horizontal. En haut à gauche, une étoile très brillante l’accompagne. Je suis convaincu qu’il s’agit de Vénus, the Evening Star, qui, à une autre période de l’année, apparaît plutôt avec le soleil levant. Longtemps, les observateurs du ciel la prirent pour deux astres différents, lui donnant tour à tour les noms de Morning Star et d’Evening Star. Ici, elle se tient en haut à gauche de la lune. L’agencement me donne l’impression d’un visage extraterrestre. (Sur l’image, prise quelques jours plus tard, la lune se tient déjà très haut, au dessus de Vénus. Je n’aurai pas capté le visage extraterrestre avec la caméra).
Nous sortons souper à Tapas. Longtemps avant notre voyage, Daisy et Patrik nous en parlaient avec enthousiasme. On y mange le meilleur tataki de thon, apparemment. Nous trinquerons aussi avec du Blue Label, un assemblage légendaire fait à partir des meilleurs whiskys – et plutôt dispendieux.
À la brunante, on voit sortir les petites chauves-souris virevolter dans tous les sens. C’est l’heure où les insectes sont au rendez-vous.
Flash-back
Le jour du départ 30 décembre, la veille 29 décembre – nous préparons nos bagages. On dirait que j’apporte tous mes vêtements… Je fais l’exercice de retrancher des morceaux. Deux camisoles de moins, deux T-shirts de moins, etc. La valise que je partage avec Dominique est pleine à craquer. Nous sortons tous les aliments périssables du frigo. Au menu, potage de betteraves, patates au four et restes de met chinois aux crevettes, salade du chef – iceberg, concombres, tomates, oignons et citron. Le reste ira aux voisins – pitas, mangue, l’autre demi-concombre, etc. Nous n’en finissons plus de manger. Et malgré qu’il est encore tôt, nous ne dormirons pas très bien. Je blâme l’anticipation du voyage que nous planifions depuis un an déjà. Le moment arrive où les amis passent nous chercher. Nous arrêtons au bureau de Patrik et prenons un taxi pour l’aéroport. Il est 3h30 AM et notre avion décolle à 6h00 AM. Notre premier vol vers Toronto est de courte durée. J’avais presque terminé Suicide Squad, alors que l’appareil est retenu un long moment avant que notre gate se libère.
Le retard n’est pas critique, juste assez pour avoir envie d’être nerveux. Il nous reste assez de temps pour prendre un sandwich et un café au Starbucks, étonnamment moins chers que la nourriture aux autres kiosques, qui prennent visiblement avantage des voyageurs en transit. Dans le deuxième avion, tout se passe bien. Il y a plusieurs bambins, mais aucun qui pleure ou en crise. Une hôtesse nous propose une tablette pour 10 $ – Dominique acquiesce. Elle me demande si moi aussi j’aimerais me divertir pendant le trajet. Elle lit peut-être de l’hésitation dans mon regard puisqu’elle m’en refile une avec un commentaire inaudible. J’en comprends qu’elle ne nous chargera pas la deuxième. Finalement, elle ne nous chargera ni l’une ni l’autre.
En arrivant sur l’île, nous passons assez rapidement par les douanes. Lorsque Dominique se fait demander What is the purpose of your stay? – il répond candidement la playa – ça ne passe pas. Je lui glisse à l’oreille « leisure » et « vacation ». Nous ne sommes pas au Mexique. Nous prenons un taxi. Pour la première fois, je fais l’expérience du système routier à l’anglaise, avec le chauffeur à droite et le sens de la circulation inversé. À quelques reprises, je fais le saut alors que j’ai l’impression qu’une voiture s’apprête à nous rentrer dedans. En plus, les rues sont très étroites. Ici, le nom des rues n’est pas affiché, les numéros de porte non plus.
Nous dépassons la villa à quelques reprises, dans les deux directions, avant d’arriver à destination, non sans avoir donné un coup de fil à la propriétaire pour trouver l’endroit. Heather nous fait faire le tour, le séjour, la cuisine, la cour intérieure, les chambres avec salles de bain attenantes. Magnifique. Elle nous propose ensuite de nous lifter jusqu’à l’épicerie. Nous acceptons son offre. Trois quarts d’heure plus tard, après avoir pris possession des lieux – Dominique veut tel bord de lit, avec la table de chevet, je négocie le bureau où je pourrai écrire – nous irons sonner à sa porte. En route vers l’épicerie, elle nous questionne et nous parle de comment elle a abouti ici. Anglaise, elle a vécu aussi en Australie, puis rencontré son partenaire de vie à la Barbade, où elle a décidé de déménager, à la retraite.
Au supermarché, nous avançons dans les allées tels des zombies, en suivant Daisy. Nous avons besoin de nourrir quatre adultes gourmands pendant plusieurs jours, tout en respectant un budget. Heureusement, notre leader connaît les airs et démontre plus de patience que la moyenne des ours. Arrivés dans la section des fruits et légumes, nous croisons son cousin Junior. Chit-chat rapide et courtois ; il nous invite à passer chez lui plus tard en soirée, pour une dégustation de rhum. Il devrait y avoir deux ou trois amis, pas plus. Angela, la sœur de Daisy, débarque aussi. Mais ça, c’était prévu. C’est elle qui nous ramènera à la maison avec nos emplettes. La caisse. On emballe. Patrik règle le tout – pas le temps ni de cerveau pour faire des divisions. Nous sommes à bout de nerfs, affamés, crevés. Après avoir déposé l’épicerie, nous nous rendons au centre commercial juste à côté. Là, nous commandons burgers, frites, pizza pour Angie et rôti – met typique des îles, qu’on trouve aussi en Jamaïque, viande et légumes enroulés dans une sorte de crêpe – pour Daisy.
4 janvier 2017
Six heures – on se lève tôt aujourd’hui, c’est le milieu des vacances et le jour J – le jour du catamaran !
Hier, plus grand-chose à la villa. Nous sommes sortis déjeuner. Ensuite, nous avons pris le taxi-van ou bus, équivalent au taxi colectivo mexicain, jusqu’au centre-ville. Après une déambulation d’une vingtaine de minutes, ponctuée par des demandes de direction à des passants, nous prenons un autre bus pour se rendre à la distillerie Mount Gay. Le tour comprend un délicieux rhum-punch de bienvenue. Notre guide Niasha prend tout de go le contrôle du groupe. Nous sommes déjà sous le charme. Sa voix forte et douce à la fois nous parle de la naissance de la distillerie tricentenaire, de la découverte par hasard des propriétés de la mélasse, un sous-produit de la canne à sucre. Fermentée, la mélasse produisait un type d’alcool à teneur très élevée nommé Kill Devil, à peu près imbuvable. Sir John Gay en a perfectionné le processus de raffinement, pour arriver au rhum qu’on boit aujourd’hui.
La Barbade est la seule île des Caraïbes qui ne soit pas la conséquence d’activité volcanique, mais d’un amoncellement de corail (!) Ce qui en fait un système idéal pour filtrer l’eau naturellement dans l’air (la rosée) absorbée par le sol. L’eau est puisée d’un grand puits au nord de l’île.

Au XVIIIe siècle, en guise de preuve de leur voyage dans l’ouest, les bateaux devaient ramener un baril de rhum barbadien. Les capitaines ont dès lors remarqué que la boisson goûtait meilleur à l’arrivée qu’au départ. De là, le processus de vieillissement, une autre découverte due au hasard. Nous dégustons trois types de rhums, un plus jeune, l’Eclipse, le Black Barrel, un peu épicé, et le XO (extra old), le même que nous buvons à la villa, cadeau d’Angie, très smooth, pur délice.
Nous suivons le groupe jusqu’à l’usine d’embouteillage. Un groupuscule (3-4) s’agglutine au bout de la passerelle où nous sommes censés regarder les travailleurs et les machines en action. Une bonne trentaine de participants se tiennent là sans rien voir. Au sortir, j’arrive à jeter un œil sur l’installation. C’est jour d’inventaire. Pas d’employés en vue et les machines au repos. 13 000 bouteilles par jour. 80% pour l’export. À la fin du parcours, il reste deux rhums à goûter, le Silver, un rhum blanc à mixer, et un dernier, aromatisé avec une plante qui ressemble à un morceau d’écorce. Patrik et Dominique ont prit la dégustation de luxe. Ils partagent avec Daisy et moi les cinq verres en extra (chacun). Étant les seuls à avoir pris l’option, nous continuons l’activité exclusivement avec Niasha.
Sur le catamaran, la crowd est plutôt relax, la mer aussi, comme depuis notre arrivée sur l’île. Le ciel est mi-couvert, ce qui est parfait pour nous white boys. Ceci dit, nous n’avons pris aucune chance – on s’est beurré solide, avant, pendant et pendant le catamaran cruise. Dès notre arrivée, c’est bar open – rhum-punch, the pink one, et le Blue Curaçao, même du champagne (vers la fin). Tout le monde est assez chill. La vibe party arrive juste à la fin du parcours.
Premier stop, snorkeling avec les tortues. Un membre du staff les appâte avec des bouts de poissons. Deux grosses nous visitent pendant un long moment. Elles sont magnifiques. Ensuite, les ship wrecks – où nous voyons un tas de poissons, plusieurs rayés, d’autres transparents au long nez. Le staff est charmant, un en particulier, il ressemble à Jamie Dornan, l’acteur anglais dans The Fall sur Netflix, et (plus connu) Fifty Shades of Grey – version Caraïbes. Vers la fin, alors qu’une danse à la queue leu-leu s’active, je me retrouve derrière lui, mains sur ses épaules, jovial.
Chez Junior
En arrivant, dans l’escalier qui nous mène à l’appartement, Dominique me dit « je vais avoir besoin d’aide ». Il y a plusieurs façons d’abandonner quelqu’un. Déjà, à la villa, nous débattions qui de nous allaient à la dégustation chez Junior, Patrik était out, sans équivoque. Dominique s’était rallié à l’idée –il n’y aurait pas trop de gens et Angie nous assurait qu’elle ne resterait pas tard, 45 minutes tout au plus. Slalom de char dans la nuit. Nous arrivons. Les filles nous expliquent qu’il s’est fait construire une maison, pour la louer finalement à une résidence pour personnes âgées, et loue un appartement juste en face.
En arrivant, nous sommes accueillis par le cousin et une dizaine de convives. D’autres se joindront à nous tout au long de la soirée. Il doit bien y avoir une quinzaine de bouteilles sur l’îlot-comptoir. Des petits gobelets en plastique nous attendent pour la dégustation. Ici, un rhum de 15 ans d’âge. Là, une bouteille exclusive, etc. etc. À chaque nouveaux arrivants, Junior ouvre des armoires – qui contiennent toutes des bouteilles de rhum, certaines à 200 $ US et plus. Notre hôte s’entretient avec un ami, dans un anglais Bajan. Dominique sourit mais c’est clair qu’il ne comprend rien. J’arrive à peine à saisir quoi que ce soit. Même Daisy avoue ne pas pouvoir suivre, tant l’accent est prononcé et le débit rapide.
Je prends une pause – me dirige vers le balcon, suivi de Daisy et Dominique. Patrik est resté à la villa – il rattrape du sommeil, ayant fait la fête plusieurs jours avant notre départ. Une belle grande Barbadienne et son ami nous joignent dehors. Je l’avais remarquée. Elle avait quelque chose de différent. Elle semblait scanner l’entourage en arrivant. Chit-chat ; elle habite à New York avec son mari et ses enfants. Je lui dis qu’en l’apercevant, j’ai tout de suite pensé qu’elle devait travailler en mode. Élancée, longs cheveux plats, sac à main griffé. Elle me dit qu’elle était modèle plus jeune. Elle adore ça. Je lui dis ah! En te voyant je me suis dit « Iman » – je suis son nouveau best friend. Kiss-kiss, shoulder hug. Nous discutons de la Barbade versus New York, Montréal, la neige.
Elle se tourne vers Dominique. Qu’est-ce qu’il fait dans la vie ? Nuclear Medicine, like radiology, we check the organs, how they function, what’s wrong. Il est temps de partir. Mon œil droit va tomber par terre. J’ai besoin de prendre une douche. Iman nous demande ce que nous faisons pour le nouvel an. Souper à la villa, entre amis, chillax. Peut-elle venir ? Nous restons pantois. Angie, en bonne diplomate, l’invite à nous rejoindre sur la plage, où nous irons poper le mousseux et voir les feux d’artifice vers minuit.
Dominique, en regardant mon cahier, a trouvé 140 $ US (!) C’était étrange aussi, qu’après avoir changé notre montant initial, de canadien à américain, il ne me restait déjà plus rien. J’étais convaincu d’avoir mis de côté un 100 $ US, et je pensais qu’il devait se trouver dans le safe, alors que je lavais stashé dans mon cahier. C’est Noël. Ça tombe plutôt bien – évidemment – on sort manger du sushi !
L’heure des comptes a sonné. Heureusement, Daisy sort de ses cours en comptabilité et finances du MBA. En bon control freaks que nous sommes, nous avions gardé chaque reçu et inscrit chaque dépense en parallèle (en double).
Le jour du catamaran
Nous nous levons tôt – vers 7 heures AM – café, petit-déjeuner. Le bus arrête pour nous devant le resto Tapas à 8h20. Je recouvre visage, épaules et torse d’une bonne couche de crème solaire – de la 50. Parmi les premiers passagers, nous prenons place à l’avant du bateau, dans les filets. La crowd est plutôt relax – nous ne naviguons pas avec des fêtards finis. La musique aussi convient à nos goûts, pas trop forte. Premier stop, snorkeling avec les tortues. J’en vois de belles grosses qui viennent grignoter les appâts qu’un membre de l’équipage distribue pour les attirer. Une en particulier semble à l’aise parmi toutes nos jambes suspendues. Elle est peut-être simplement gourmande ! Je surprends l’appâteur à lui caresser la tête.
Deuxième arrêt, snorkeling avec les épaves. Nous sommes gâtés – ici plein de poissons. Certains que je n’avais jamais vus. Comme ce long spécimen, la forme d’une anguille, avec une drôle de tête, et ce bec d’oiseau ou de dinosaure. Je prends mon souffle et tente d’aller à l’intérieur de l’épave, aux abords d’une ouverture tout du moins. Mes oreilles se bouchent automatiquement. Je suis surpris du phénomène, à une profondeur qui me semble assez faible. Nous passons d’un site à l’autre. La première épave était de loin plus intéressante.
Vient le temps de rentrer au bercail. Un peu à l’écart du groupe, je nage en direction du bateau. Quelqu’un m’interpelle « You Jammin’ You Jammin’ You’re with us ». C’est un membre de l’équipage responsable de ramener les brebis galeuses. Je me rends compte que je me dirige vers un autre bateau, blanc. Le nôtre est bleu et orange avec l’inscription Jammin’.
7 janvier 2017
Angie passe nous chercher plus tard que prévu. Ça nous laisse du temps pour aller à la plage.
Prochain stop du catamaran, une place dans l’ouest de l’île. Nous sortons nous baigner. Daisy flotte sur un matelas, dans le cercle de nouilles qui empêchent les vacanciers de dériver au large. Nous plongeons du pont. Les drinks affluent. Un rhum-punch très fruité. L’autre est meilleur.
Les assoiffés
À Lemon Harbour ou The Village Bar – un rhum shop « massif » – thirsty for anything, sex, watching clients – Justin, l’ami d’Angela, avec qui elle va dans des bars de danseuses.
J’ai mangé du poisson volant frit – ouh c’est bon – ai goûté au porc frit et au porc barbecue. Nous avons pris deux bouteilles d’Eclipse 355 ml – avec soda, des ginger beers et de la glace, des bières. Nous sommes restés jusque vers 18h30. Les Barbadiens – et Barbadiennes – sont très beaux. La musique un peu trop forte. Nous rentrons en passant par l’épicerie – ce soir nous mangerons des hot dogs.
Après la crap, tout le monde crashe. Il nous reste demain, puis le matin de lundi, avant de revenir à Montréal. Les filles sont trop scrap pour jouer aux dominos. Nous jouons à trois. Il est seulement 22 heures – tout le monde s’endort, Daisy tout spécialement. Les boys sortent prendre une marche sur le Boardwalk. Nous arrêtons à Blakey, bar du coin, pour prendre trois Banks, la bière de la Barbade. Nous parlons de réalité virtuelle, comment Montréal est devenue une plaque tournante pour le développement de cette ancienne nouvelle technologie. Patrik nous raconte ses premières expériences sérieuses avec des filles.
Les nuits à la villa sont difficiles. Il fait chaud et humide. Les fois où nous avons allumé la clim, Dominique s’est retrouvé avec un torticolis. Même le ventilateur doit souffler ailleurs que vers nous. La fin des vacances approche et nous commençons à vouloir revenir « dans nos choses ».
Sur le catamaran, c’est l’heure des shots au bar. Deux par deux, les fêtards renversent la tête vers l’arrière et le barman verse le rhum-punch directement dans leur gosier. Ça dure un bon moment. De retour sur le deck, on se dandine. À la fin, les trois plus beaux membres du crew font une danse au bout du bateau. Daisy m’explique qu’il n’est pas rare à la Barbade que les hommes prennent le spot sur le plancher de danse.
Tout le monde à la villa est plus ou moins malade. Patrik vient de se lever. Il prépare le café. Chasse un moustique. Tourne en rond, à la recherche de son livre sur le whisky, qu’il a reçu à Noël.
Nous avons loué une auto pour deux jours. Armé d’un itinéraire et d’une carte de l’île, nous partons à l’aventure. Premier stop, une des plus (10) belles plages du monde, The Crane.
La route est rien de moins que périlleuse. Les rues sont très très étroites, comme pour une voie seulement, malgré qu’elles soient à deux voies. La plupart n’ont pas de trottoir et la végétation dense arrive jusqu’au bord de l’asphalte. À chaque tournant, nous retenons notre souffle, la visibilité est quasi nulle. À cela s’ajoute des trous énormes. Nous faisons des blagues sur les routes de Montréal. En général, nous sommes perdus. Daisy tente tant bien que mal de nous retrouver sur la carte.
Une difficulté supplémentaire : les rues n’ont pas de nom sur l’île. Nous demandons notre chemin à répétition. Heureusement les Bajans sont très gentils. Nous arrivons tant bien que mal à notre deuxième stop, Bathsheba, qui donne sur l’océan Atlantique. Nous prenons une pause à The Round House, perché sur un petit mont aux abords de l’eau.

Dominique et moi partageons un sandwich au poisson volant, une spécialité de l’île. Nous redescendons au niveau de la plage et prenons un moment pour admirer les vagues du Soup Bowl. La mer à cet endroit semble rouler sur elle-même, créant de grands creux, de là j’imagine son nom. Des locaux nous saluent, juchés sur une énorme roche de corail. Nous nous demandons comment ça a pu se retrouver là. Avant que la nuit ne tombe, nous rentrons en traversant l’île à la diagonale.
Ce soir-là, les amis sont sortis manger de la pizza avec Angela, pendant que Dominique et moi sommes retourné à Tapas, pour un souper en tête-à-tête au bord de la mer. Après le repas, nous rejoignons Daisy, Patrick, Angela et la famille Bajan au South 7, un petit bar tout près de la villa. Nous alignons des Orange-Silver à cinq dollars Barbade le verre. Dominique semble heureux de voir du monde. Ici, les parents et leurs enfants sortent ensemble et ce n’est pas toujours évident de savoir s’il s’agit plutôt de frères et sœurs. La musique pop est entraînante. Bientôt, nous sommes sur nos deux jambes, à danser. C’est l’heure des photos de famille. Ils insistent pour nous inclure, Dominique et moi. Sur les images, le visage de Daisy éclate de bonheur. Malgré la distance, elle est très proche de sa famille et toujours heureuse de les revoir.
Car rental, jour 2 ~ Hunte’s Gardens.
Aujourd’hui, nous reprenons l’exploration de l’île, avec comme premier stop Hunte’s Gardens. Il s’agit d’une cave qui s’est écrasée sur elle-même et qu’un homme a achetée, pour la transformer en jardin tropical d’une beauté inouïe. Nous empruntons des routes principales pour nous rendre et Patrik se sent plus en confiance derrière le volant. Des indications pour l’endroit se trouvent partout où nous roulons. Aussi, nous n’arrêtons presque nulle part demander notre chemin. L’affiche à l’entrée clame que la place est « la plus enchanteresse au monde ». Ce n’est pas loin de la vérité.
La végétation luxuriante en jette sérieusement. Nous passons près de trois heures à déambuler dans les allées bordées de plantes tropicales et de toutes sortes d’arbres locaux. J’aurai pris des centaines de photos. On se croirait dans un rêve. Une musique classique complète l’ambiance onirique du lieu. Nous terminons notre tournée du jardin dans une vieille maison où notre hôte nous sert du rhum-punch et de la limonade, en nous rappelant de lui donner une bonne note sur Trip Advisor – en français s’il vous plaît. Nous achetons des poissons volants en céramique qui iront très bien sur les murs de la salle de bain que nous avons bâtie au sous-sol, ainsi que des fridge magnets en forme de tortue, faites de pierres semi-translucides.
Deuxième stop – North Point
Nous nous perdons un peu et devons revenir sur non pas à quelques occasions. Mais ça vaut le détour. Situé au point le plus au nord de l’île, sur le bord d’immenses falaises, North Point offre une vue sans pareil. Une mer déchaînée frappe les bords hauts de 20 à 30 m. L’érosion a façonné des murs de corail à la verticale, que les vagues frappent à répétition, jusqu’à la fin des temps. Captivés par le spectacle, nous restons longtemps à regarder cette force de la nature – l’océan – qui commande notre respect, mêlé de peur. Certainement l’un des plus beaux endroits que j’ai vus à ce jour.
Il est temps de rentrer. Nous revenons en empruntant la côte ouest, arrêtant au hasard, quand Patrik trouve une place de stationnement. Nous sommes bien tombés, il s’agit de restaurant de rotis, miam.
Dernière journée complète ici. Nous passons l’après-midi à la plage Accra, celle juste à côté de chez nous, au bout du Boardwalk. Nous louons deux chaises et un parasol au Tiki bar, pour 30 $ Barbade, qui nous sont remis en crédit à dépenser en boisson et nourriture. Un système des plus engageants. Les couleurs de l’eau de mer sur le sable champagne, au coucher de soleil. C’est comme si je n’avais jamais vu d’eau sur le sable auparavant. La lune, à l’apparence d’un œil de chat, est maintenant complètement à l’autre bout du ciel, loin de Vénus, étoile du soir.
Nous avons réservé dans un bon resto – Primo – pour ce dernier soir de vacances. Tout est merveilleux, beau, bon, propre. La nourriture n’est pas de ce monde. Les meilleurs fruits de mer que j’ai mangés de ma vie. Probablement les plus frais aussi. Dominique a pris de l’agneau. Il n’est pas déçu non plus. Tour à tour, chacun partage ces plans pour l’année, aspirations professionnelles, santé, bouffe, activités, etc. Angie nous rejoint alors que nous terminons le dessert.
De retour à la villa, vide le frigo, nous lui donnons tous nos restes – même le rhum. La plupart des trucs, elle les avait amenés ici elle-même. C’est le temps de faire les valises. Je range mon carnet aussi. J’aurai écrit 28 pages dans ce cahier – j’écris gros il faut dire.
Soundtrack Bajan Pop
En prime, voici les tunes qui jouaient non-stop à la radio.