Le droit d’exister
Juste avant d’arriver à l’atelier Confiance, le 3e pour moi du Programme Immersion, je prends connaissance du matériel préparatoire. La première ligne que je lis, tout en haut des affirmations sur l’estime de soi, va comme suit : « J’ai le droit d’exister ».
BANG — Comme une explosion en pleine face.
C’est précisément l’idée avec laquelle je travaillais depuis mon deep dive, durant l’exercice « Se défaire de l’emprise d’une croyance » de l’atelier Quiétude.
En allant jusqu’au bout de la pensée qu’une partie de moi doutait que j’aie même le droit d’exister (!), j’avais craqué et pleuré « à en morver ».
Vacances
Tout de suite après l’atelier Confiance, une amie qui faisait du « house sitting » à Puerto Vallarta m’invite à la rejoindre. Il n’en fallait pas plus pour que je parte en vacances – une 3e fois en 2019!
En route vers ma destination, je me disais que soleil, détente et margaritas iraient très bien avec le « décantage » post-formation.
« Avec vengeance »
À la blague, je disais à qui voulait l’entendre que je prenais des vacances « avec vengeance ». Une façon d’exprimer que j’ai sérieusement priorisé des besoins de plaisir, de détente et de bien-être.
Cette expression tirée de l’anglais « with a vengeance » signifie qu’on fait quelque chose avec intensité, qu’on met les bouchées doubles … et habituellement pour compenser quelque chose.
Au cours des 12 mois précédents, j’avais composé avec plusieurs changements et vécu une forme de sur-adaptation. En fait, j’ai eu l’impression d’échouer à plusieurs égards pour des projets qui étaient importants pour moi.
Choisir de partir encore, pour une troisième fois cette année, c’était m’offrir de l’espace, un ralentissement, pour que se déposent en moi la vie et ses apprentissages… comme une eau trouble qui devient progressivement limpide au repos, avec les sédiments qui s’accumulent au fond.
Confiance
Dès mon arrivée à l’atelier et tout au long du weekend, je trouve l’expérience plus douce et tranquille que les modules précédents — plus que Quiétude en tous cas qui m’avait complètement percuté.
Assez rapidement, je me fais la réflexion que le mood général se distingue d’un atelier à l’autre, en fait. La thématique est différente bien sûr et les participant.e.s ne sont pas tou.te.s les mêmes. Et puis je me rends à l’évidence que c’est aussi moi qui change…
Où est-ce que l’atelier Confiance m’amène?
À quoi est-ce que ça contribue pour moi aujourd’hui?
Ce module s’est révélé en être un surtout sur l’estime de soi. Pour moi, l’estime de soi est en lien direct avec l’honneur, un type d’honneur qui ne dépend pas de l’opinion des autres, mais bien une relation avec moi-même, une perspective dans laquelle je me sens honorable.
Charité bien ordonnée commence par soi-même
Je me suis souvent senti investi d’une mission de « sauveur ». J’appelle cette partie de moi le « lifeguard » et je vois bien comment cet archétype peut être utilisé par mon égo pour se mettre en valeur.
Cette pulsion de « sauver », je peux la regarder de plus près et voir comment je souhaite mon propre sauvetage, je peux choisir de me prendre en charge moi-même.
Dès lors, je ressens l’envie de prendre soin de moi, ça commence par prendre soin de mon corps: bouger, bien m’alimenter et me détendre.
![Keven Law, Feeling nervous, Los Angeles, USA [CC BY-SA 2.0]](https://ebxyz.files.wordpress.com/2019/12/law_keven_feeling_nervous-1-1024x782-1.jpg?w=616)
Monkey mind
La dame sur la plage de Los Muertos (plage des morts) qui me masse les pieds me demande en espagnol:
Doux ou fort? Fort, OK.
Veux-tu pleurer? OK.
Après avoir appuyé avec une force surprenante un peu partout — sur la plante des pieds, sur le dessus, sur les côtés aussi – son diagnostic:
Très émotif et préoccupé, entretient des pensées incessantes.
Oui, je me reconnais.
Je projette une image de moi-même comme une personne calme et posée. Et je suis parfois cette personne, c’est vrai. Et bien souvent, je suis plutôt tendu et réactif, j’accroche sur des détails sans conséquence, je veux contrôler toutes sortes de trucs, les événements, les autres aussi…
Voir la réalité en face
L’atelier sur la Confiance m’a aussi mis en contact avec l’élan de « voir mes intentions » et d’accepter la réalité telle qu’elle se présente — et non ce qu’elle devrait être.
Je veux voir se déployer la réalité, m’offrir un temps pour observer d’abord, avant de juger. Je me rends compte que souvent, j’ai l’habitude de sauter d’un jugement à l’autre, de tirer des conclusions, comme un enchainement de réflexes bien rôdés.
Collage d’auto-célébration
Les consignes: découper des pages de magazines et fabriquer une sorte de photomontage évoquant des accomplissements, ou encore des traits de sa personne, dont on est fier.
Dans mon élément, je me mets tout de suite à l’ouvrage. Je saute furieusement sur les magazines, déniche et déchire les pages avec ce qui attire mes yeux, découpe avidement les contours des images.
Un feu compétitif me consume!
Du coin de l’œil, j’évalue la cadence de certains participant.e.s, je me compare… Je me rends compte à quel point je veux en mettre plein la vue et épater la galerie (!)
Dévoilement
Vient le moment de présenter notre tableau en petit groupe. Lorsque c’est mon tour, je suis surpris par les vibrations qui traversent mon corps. Je me sens presque gêné de partager avec d’autres à haute voix ce que j’apprécie de moi, telle ou telle qualité dont je suis fier, mes talents, les avantages que ça m’apporte dans la vie.
Je ne sais pas quelle(s) partie(s) de moi ça réveille… mais oui quelque chose bouge à l’intérieur.
Rester…
Rester avec l’inconnu — lui donner une chance.
J’explore plus qu’avant cette « audace » de choisir de rester dans l’inconfort. J’ai l’intuition que c’est dans cet espace que l’inconnu peut se révéler, et l’inconfort se transformer en quelque chose d’autre.
L’atelier Confiance agit sur moi à retardement, dans le temps… peut-être que justement ça se joue dans les profondeurs de ma psyché (?). Les enseignements et les apprentissages, suite aux exercices pratiques surtout, font leur chemin tranquillement – tels des fleurs qui éclosent en secret.
Fleur du fruit du dragon
Ça me fait penser à cette fleur de cactus qui donne ce superbe fruit coloré à l’extérieur et noir et blanc à l’intérieur, le Pitaya ou fruit du dragon. Comme cette plante, le développement de ma confiance en moi semble se dérouler en dessous de ma conscience ordinaire, celle de tous les jours.
La fleur de ce cactus — qui n’ouvre qu’une nuit dans l’année et qui se fait pollinisée par des chauve-souris (!) — ressemble à un petit soleil radieux. J’y vois une illustration du 3e chakra de l’hindouisme, le centre d’énergie situé au niveau du ventre (plexus solaire), celui-là même qui est associé à l’estime de soi et à l’honneur.
Relation à soi
Je suis le fil de cette trame narrative … la croissance et l’éclosion de la confiance ne se feraient pas en plein jour – devant audience, clamant haut et fort son importance. La confiance, tellement liée à l’estime, débuterait son éclosion quelque part en soi, plus profondément, un peu comme un secret partagé avec personne d’autre que soi.
Pour que la croyance en soi soit authentique, elle doit venir de soi justement, et de personne d’autre, d’aucune autre instance à l’extérieur de soi.

Petit chat
J’ai l’impression de porter la confiance comme la clochette d’un collier de chat — un rappel constant de qui je suis, de ce que je suis, de ce que j’ai, de ma capacité à prendre soin de moi-même et de mes besoins.
Les vacances tirent à la fin.
Sans faire grand bruit, mes apprentissages continueront de murir encore longtemps après mon retour.
De quoi je me sens capable
- Traverser les défis
- Faire face aux écueils, aux déceptions, aux défaites même
- Rester ouvert face à l’inconnu (un peu plus qu’avant)
Je m’ouvre à la vie, confiant que je peux composer avec ce qui arrive.
Je me sens capable de, non plus seulement “encaisser” des échecs, mais de garder les yeux ouverts à travers ce qui se passe, voir, apprendre, et faire la part des choses.
Le succès, ce n’est pas accumuler des succès, ce n’est pas avoir déjà accompli ce qu’on pensait accomplir, de maitriser tout ce à quoi on aspire maitriser.
Le véritable accomplissement selon moi se mesure dans l’être: une certaine qualité de présence, une plus grande disponibilité. C’est accepter d’être imparfait ET choisir d’évoluer.
Évoluer vers quoi?
Vers plus de fonctionnalité, devenir hautement fonctionnel, moins s’accrocher dans les détails, moins s’attarder aux blessures, être moins fermé, sur la défensive pour tout et pour rien.
Je suis capable de composer avec mon imperfection et celle du monde.
Et je m’assouplis, je choisis de garder une posture interne “noble” et souple à la fois. Je choisis de ne pas trop me prendre au sérieux, et de faire confiance au cosmos.
Enfin, j’essaye, on s’entend… 😅
Je demeure en interdépendance avec les autres ET oui, j’ai le droit d’exister!
— Éric
> À venir: Journal des profondeurs – Empathie
*Originalement publié ici: spiralis.ca/journal-des-profondeurs-confiance